Le Phénomène d’Uberisation au sein des Start-Up

10 février 14:40 2017 Imprimer Cet Article

L’« Uberisation » est une notion qui a fait son apparition en 2016, au lendemain de la crise des VTC (Voiture de tourisme avec chauffeur) ayant sévi en France. Le mot lui-même est d’ailleurs issu d’« Uber », nom de l’entreprise qui a vulgarisé l’usage des VTC, faisant de l’ombre aux activités des taxis… Le fait est qu’un véritable phénomène de mode a vu le jour dans le domaine économique. Aujourd’hui, l’Uberisation désigne le recours à des services mettant en contact direct (et très rapide) les prestataires et les clients grâce aux nouvelles technologies. Il s’agit d’une pratique en vogue, incontournable auprès des start-ups, mais non sans impact sur l’emploi et les mode sociaux de régulation.

L’histoire de l’Uberisation

L’Uberisation est une économie de service ayant émergé au sein de l’économie collaborative. Elle implique alors la notion de substitution d’un bien ou d’un service par la mise en place d’une solution intégrée (permettant d’accéder au même type de bien et de service, mais de manière plus confortable).

Un nouveau modèle économique (ou une start-up) entre généralement en jeu, mais aussi des outils et technologies digitaux, supplantant l’économie traditionnelle. Il est souvent question d’une plateforme digitale qui facilite la relation entre les prestataires et les clients. Par ailleurs, l’organisation du travail est plus simple, notamment grâce à une gestion administrative mutualisée.

Les VTC et les technologies à l’origine du phénomène économique :

À l’origine de l’Uberisation, on retrouve les VTC : leur apparition a fait de l’ombre aux taxis traditionnels qui se retrouvent avec de sérieux concurrents bénéficiant de nombreux avantages : peu d’infrastructures (bureaux…), numérisation, rapidité de mise en contact avec les clients, gains plus importants…

Cela a d’ailleurs conduit à la grève des taxis parisiens, lesquelles se sont révoltés contre l’essor des Uber vers la fin janvier 2016. Ils dénoncent une « concurrence déloyale », et plus de 1 500 chauffeurs de taxi décident alors de manifester.

Extension de ce modèle sur la sphère économique :

Le géant américain Uber recense aujourd’hui plus de 200 000 millions d’utilisateurs dans le monde, le service de covoiturage français Blablacar, créé en 2006, comptabilise environ 20 millions d’adeptes, enregistrant ainsi une hausse de 200% depuis 2013. En plus du secteur des transports, on retrouve notamment celui des hôtels ainsi que la restauration pour la réservation ou encore les librairies pour l’achat d’ouvrages (désormais disponibles en version numérique). Des secteurs hautement plus « rigoureux » sont également touchés, comme les métiers juridiques, avec l’émergence des services juridiques en ligne. Par ailleurs, l’Observatoire de l’uberisation, site web dédié à l’étude de ce phénomème a récemment publié une cartographie qui recense le taux d’uberisation au sein des secteurs touchés par ce dernier : avec respectivement 70%, 60% et 50%, les taxis, les librairies et les hôtels constituent les secteurs principaux touchés par l’uberisation. Ils sont alors suivi par le secteur financier (banques, expertise comptable) avec un taux de 40%, ainsi que les métiers juridiques et le secteur de la restauration (30%). Parmi les enseignes désormais incontournables, on peut citer Airbnb, plateforme de location immobilière de particuliers à particuliers qui totalise aujourd’hui environ 40 millions de voyageurs dans le monde avec, notamment, un capital de 27 milliards de dollars, soit plus de 2 fois le groupe AccorHotels (sans posséder le moindre bâtiment et sans employer du personnel) ; Booking.com pour la réservation et la location de logements ou encore Amazon.

Champs d’action et limites

L’engouement pour un système économique flexible et libéral :

L’Uberisation est un système économique qui séduit de plus en plus par son côté flexible et libéral. Celui-ci a été mis en avant au cours de la bataille contre les taxis. Par ailleurs, le public affiche un intérêt certain sur la notion d’économie collaborative qui implique des formes d’organisation innovantes du travail et le recours aux nouvelles technologies et à Internet.

La fin de la protection sociale et salariale chez les entrepreneurs ?

À l’ère de l’Uberisation, on se pose quand même des questions sur le statut des travailleurs indépendants, notamment au niveau de la protection sociale et des congés payés. On parle d’ailleurs d’eux comme des « grands oubliés de la loi Travail ».  En effet, l’Ubérisation va de paire avec une évolution du salariat classique vers une forme de travail plus précaire : travail temporaire, sous-traitance, auto-entreprenariat… Résultat : moins de sécurité et de protecteur pour les travailleurs. On s’interroge également sur les relations entre les prestataires et les clients : qu’en est-il de la protection sociale ? Et de l’imposition ?

Selon un rapport du Pew Research Center, 24% des américains ont augmenté leurs revenus grâce à la “sharing-economy” : cette tendance ne tardera pas à concerner l’ensemble du quotidien des français. Dès 2017, de nombreux secteurs vont continuer à s’ « ubériser », les métiers de la relation client ne seront notamment pas épargnés, l’appréhension est d’hors et déjà intense auprès du secteur bancaire et des médias. Au niveau de la législation, on espère une évolution progressive et un encadrement plus strict. Rappelons qu’au lendemain de l’affaire des VTC, l’Etat était intervenu afin de restaurer l’équilibre et tenter de remédier aux dysfonctionnements. L’affaire reste à suivre !

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